Démarche artistique
Sous la forme de projections vidéographiques, de court-métrages et de séries photographiques, le travail de Geneviève Chevalier s’attarde à certains modes d’appréhension et de connaissance du vivant, tels le jardin, la ménagerie et la collection muséale d’histoire naturelle. L’artiste s’intéresse au champ de l’histoire naturelle, ainsi qu’à la science comme champ de pratique interprétant le réel à partir de données, pour mieux aborder l’enjeu de la perte de biodiversité à l’ère de la crise climatique. Le cycle de projets intitulé Mirement, mené de 2020 à 2023, et le cycle Solastalgia, mené de 2023 à 2024, remettent en question la conception du vivant héritée de la modernité : un monde vivant décontextualisé, simplifié et exploitable. Les images réalisées dans ce contexte mettent en scène les réminiscences physiques et matérielles d’anciens régimes épistémiques de la nature, comme les aménagements paysagers sous forme de jardins, les représentations animales liées à la pratique de la chasse ou encore les bâtiments abritant la connaissance accumulée au gré des vagues de collecte et d’acquisition. S’inspirant d’approches contextuelles et documentaires expérimentales, son travail repose à la fois sur l’observation du vivant ainsi que sur la cueillette, l’analyse et la visualisation de données. C’est ainsi qu’elle identifie, interroge et confronte certains modèles épistémiques qui, au fil du temps, ont mené à l’invention du concept de nature. L’exercice lui permet notamment d’exposer en creux l’enjeu de la disparition des espèces tout en explorant la possibilité de nouveaux rapports au vivant que l’humain pourrait développer.
Biographie
Geneviève Chevalier est artiste et professeure à l’École d’art de l’Université Laval, Québec, Canada. Elle est titulaire d’un doctorat en études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal et d’une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia. Elle a réalisé un stage postdoctoral en muséologie à l’Université du Québec en Outaouais sur la question des interventions d’artistes dans les collections muséales.
Elle a été artiste en résidence aux Jardins de Métis, Grand-Métis, Canada, 2024; à AdMare, Îles-de-la-Madeleine, Canada, 2023; au studio ACME, Londres, Angleterre, 2020 et 2022 (CALQ); au ArtLab de la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, Sherbrooke, Canada, 2021-2022; au centre Sporobole, Sherbrooke, Canada, 2018; au Centre for Contemporary Arts de Glasgow, Écosse, 2017 (CALQ). Son travail a été présenté à la Galerie de l’UQAM, la Galerie l’œuvre de l’Autre à l’UQAC, la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s et la Galerie UQO dans le cadre des expositions Faux-plis par hypothèses en 2024; dans des expositions individuelles ou projets de commissariat à la Galerie UQO en 2023, la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s en 2022, Dazibao en 2021, la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement en 2021, Optica en 2018, la Galerie de l’Université de Montréal en 2018, au Musée régional de Rimouski en 2018, au Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul en 2016, La Chambre blanche dans le cadre de la Manif d’art en 2014 et à la Thames Art Gallery en 2014.
G. Chevalier a contribué à titre d’autrice à plusieurs ouvrages, dont Lieux et milieux des arts vivants. Performer l’institution, paru en 2024 aux Presses du réel, sous la direction d’Anne Bénichou, ainsi que Réinventer la collection. L’art et le musée au temps de l’évènementiel, paru en 2023 aux Presses de l’Université du Québec, sous la direction de Mélanie Boucher, Marie Fraser et Johanne Lamoureux. Elle a également codirigé en 2021 le numéro thématique L’artiste muséologue de la revue Espace Art Actuel et, en 2018, un numéro thématique portant sur la carte blanche dans les collections muséales de la revue Muséologies, les cahiers d’études supérieures. Une monographie de son travail, intitulée Mirement, coéditée par Dazibao, la Foreman Art Gallery of Bishop’s University et la Galerie UQO, est parue en 2023.
En 2025, elle sera en résidence de recherche et création au Centre Sagamie. Elle contribuera au numéro 40 de la revue Marges (Presses de l’Université de Vincennes) par l’article “Faire du musée et de ses collections d’art et d’histoire naturelle les objets d’une pratique activiste” et codirigera la journée d’étude Critique de l’écoresponsabilité dans les pratiques artistiques et muséales avec la Galerie UQO.
Elle vit et travaille à Québec.