L’idée du territoire
Projet de commissariat, Centre d’exposition de l’Université de Montréal, Québec, Canada, 2018
Le vingtième anniversaire du Centre d’exposition de l’Université de Montréal aura été l’occasion d’explorer quelques-unes des nombreuses collections que possède l’université, à la lumière de certains enjeux et notions communiqués par les œuvres elles-mêmes. À travers la peinture, l’estampe et le dessin, ces œuvres évoquent souvent des sites bien réels, tout autant que des espaces mentaux.
Parmi les artistes participant-es et les travaux de recherche présentés, on trouve Edmund Alleyn, Kittie Bruneau, Maude Connolly, Stanley Cosgrove, Andrée S. De Groot, Yves Gaucher, Rita Letendre, Monique Mongeau, Kananginak Pootoogook, René Richard, Françoise Sullivan; l’Herbier et les archives du frère Marie-Victorin; des objets et outils des Inuits Netsilik destinés à la chasse au phoque sur la banquise; un épisode de la série documentaire The Netsilik Eskimo, sous la direction anthropologique d'Asen Balikci.
Située à la croisée des arts visuels, du design, de l’anthropologie et de la botanique, l’exposition L’idée du territoire s’intéresse aux rapports complexes entretenus avec ce dernier et puise à même des visions singulières de ce que représentent le vivant, la culture, la connaissance, l’esthétique, l’expérience et les traditions. L’idée du territoire donc, ou encore, la représentation mentale d’un territoire caractérisé en bonne partie par le froid. Et donc peut-être aussi l’idée du Nord – celle qui était jusqu’à tout récemment nimbée d’une aura de permanence, voire d’éternité, laquelle semble s’être depuis lors brutalement évaporée. Aujourd’hui, le Nord est le théâtre de changements rapides sur le plan du climat comme sur le plan humain, et l’inauguration en 2017 d’une nouvelle route qui mène jusqu’à l’Arctique cristallise en quelque sorte ce mouvement de translation qui s’opère vers le Nord. Le Nord qui définit d’ailleurs en grande partie la biodiversité canadienne et québécoise : il se trouve au cœur même du processus de sélection des espèces d’oiseaux, de mammifères et de végétaux qui composent nos paysages. Il habite l’imaginaire des Premiers Peuples et particulièrement celui des Inuits, dont le mode de vie et la culture ont été profondément bouleversés par la colonisation européenne.
Crédit photo : Guy L’Heureux